L’année dernière, nous avons prédit que la réticence du secteur public entraverait la préparation à la crise. Le choix à l’époque était clair, mais pas nécessairement simple : développer et renforcer les compétences acquises pendant la pandémie de COVID-19 ou reprendre les activités comme avant. Nous avons conseillé aux dirigeants du secteur public d’utiliser l’année 2023 pour se préparer à aider les entreprises et la société à faire face à la prochaine grande vague de changements mondiaux engendrée par des risques systémiques émergents. Les responsables du secteur public ayant tenu compte de nos avertissements ont renforcé leur vivier de talents, amélioré la confiance des clients et conservé leurs capacités de crise durement gagnées.
En 2024, nous prévoyons que des dirigeants gouvernementaux proactifs prendront des mesures décisives pour gérer les défis mondiaux imminents sur deux fronts. Sur le front domestique, les gouvernements chercheront à maximiser les opportunités économiques tout en limitant les perturbations sociales dues à l’essor de l’IA générative. Sur le front international, les nations démocratiques alliées accéléreront leur réponse à un ordre international en évolution, à mesure que des puissances autoritaires enhardies feront usage de leur puissance économique et militaire. Voici quelques-unes de nos prévisions pour le secteur public en 2024 :
- Les gouvernements créeront trois marchés technologiques régionaux afin d’atteindre la souveraineté numérique. Près de deux ans de protectionnisme technologique croissant causé par les conflits hybrides aboutiront à la création de trois marchés technologiques distincts : l’UE, la région sino-russe et la région indopacifique dirigée par les États-Unis. Le dernier point de basculement peut provenir d’exportations de plus en plus restreintes de technologies avancées, de régimes de réglementation numérique de services et de plateformes en ligne sur différents marchés, ou des deux facteurs. Quoi qu’il en soit, l’essor de trois marchés pour le développement et l’adoption des technologies obligera les entreprises publiques et privées à ajuster leurs supply chains et le complexe industriel technologique mondial, notamment Microsoft, NVIDIA et IBM, à décider qui elles souhaitent servir et comment. Kyndryl a déjà appelé à séparer son activité en Chine, une décision ayant affecté environ 6 000 employés.
- Le manque de compétences entravera la moitié des efforts gouvernementaux visant à faire face aux pénuries de talents grâce à l’IA. Face aux vagues de départs à la retraite des fonctionnaires et de burn-outs des employés, les gouvernements utiliseront l’IA générative pour tenter de préserver la propriété intellectuelle irremplaçable autrement perdue avec le départ de ces travailleurs. Mais ces efforts seront entravés par des lacunes persistantes en matière de compétences technologiques et un manque de rémunération et de récompenses compétitives pour attirer de nouveaux talents compétents dans le domaine de l’IA. En réponse, certaines entreprises auront recours à une sous-traitance coûteuse, tandis que d’autres encourageront les employés à acquérir des compétences pertinentes, par exemple par le biais de microformations de perfectionnement.
- La désinformation créée par IA générative ne réussira pas à influer sur le cours des élections nationales. L’industrie technologique et les gouvernements lanceront une multitude d’outils pour entraver les efforts contradictoires d’acteurs étatiques et non étatiques souhaitant influencer les opinions et déstabiliser les sociétés. Ces efforts se concentreront sur la limitation de la propagation de la désinformation, plutôt que sur sa création. Pourquoi ? Parce que le danger réel ne vient pas de l’existence de fausses informations, mais de leur distribution, qu’elles soient générées par une IA ou par un humain. En 2024, nous nous attendons à ce que des solutions telles que l’identificateur de comportements toxiques de Google, Jigsaw, et des initiatives gouvernementales telles que le Plan national de mise en œuvre de la stratégie de cybersécurité des États-Unis ne soient que le début d’une approche plus large. L’industrie technologique sera davantage stimulée par les entreprises du secteur privé qui redirigent leurs dépenses vers des plateformes accélérant leurs efforts pour freiner la désinformation générée par l’IA, ainsi que les comportements toxiques en ligne.
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Note: Cet article a été traduit. Langue originale : anglais.
